La nudité des corps a d’incroyable qu’elle peut révéler parfois les habillages les plus complexes dont la nature humaine a tendance à se vêtir. Ici, c’est un corps qui ne se montre pas. C’est un corps de l’échappée, un corps du travestissement, où la peau, dans ce qu’elle génère de profondément trompeur, se cache pour mieux révéler la vérité de cet homme.

L’homme est sans âge, sans sexualité surtout, à peine masculin, et c’est là, le miracle de ces photographies, à savoir que malgré la nudité, le dépouillement de la nudité, elles ne s’entachent d’aucune forme d’érotisme. Ce sont des portraits bruts de chair, bruts de lumière, bruts de peau. Ces photographies ne cherchent pas à taquiner la libido. Ce sont des nudités offertes seulement au déploiement des sens.

La défigure des corps est inscrite dans un démembrement de chair où seule l’expérience du mannequin avec le coup de dé du photographe compte. Les photographies racontent l’histoire d’une rencontre entre un quêteur de sens et un homme, à la recherche de ses propres limites corporelles. Les clichés s’épuisent dans des fonds obscurs, comme des arrachements à la matière même de la photographie. Ce sont des corps qui pourraient exister en dehors de toute focale, des corps qui luttent contre leur propre nudité, des corps posés dans un écueil de mer noire, ce sont des corps, désespérément à l’affut d’une tentative d’universalité.

 

Laurent C.

 

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